L’intrapreneuriat offre aux entreprises et aux salariés de formidables opportunités de création et d’innovations. Levier de croissance et de cohésion pour les uns, moyen de valorisation et possibilité d’entreprendre pour les autres, les avantages mis en avant sont nombreux.
Oui, mais après ? Que se passe-t-il une fois les talents repérés et embarqués dans cette grande transformation ? Comment assurer la gestion de projets pour que ces derniers aboutissent ? Et surtout, que deviennent les produits et services créés avec succès ?
Zoom sur l’après-intrapreneuriat, grâce à Guillaume Robez, fondateur de Independant.io.
Intrapreneuriat : définition
L’intrapreneuriat, c’est l’opportunité pour les salariés de monter leur boîte, au sein de leur entreprise. Un moyen efficace donc de combler le besoin d’innovation et de liberté des éléments les plus dynamiques et créatifs. Et c’est gagnant-gagnant : d’un côté l’employé est valorisé et peut donner du sens à son travail tout en bénéficiant des ressources d’un groupe, de l’autre, l’entreprise découvre des talents aux idées parfois audacieuses, sources de nouveaux produits et de croissance, tout en limitant la démission pour création d’entreprise.
Pour que cela fonctionne, il faut évidemment anticiper et définir le cadre des futurs projets. Et donc bien amorcer votre programme intrapreneur.
Comment assurer la gestion des projets intrapreneurs ?
L’une des difficultés principales de l’intrapreunariat est la gestion des projets. En effet, nombreuses sont les entreprises à se contenter de détecter les talents, sans vraiment leur fournir le cadre et les moyens nécessaires à la réussite des différentes idées et innovations des salariés intrapreneurs.
Mettre en place un programme intrapreneurial
Ce qui transforme en succès l’intrapreunariat, c’est assurément la présence d’un vrai programme intrapreunarial. Pour être efficace, celui-ci doit idéalement s’articuler autour de 3 points :
- Allouer des moyens techniques et financiers proportionnels au projet du salarié intrapreneur. C’est-à-dire définir une enveloppe ou un budget dont l’intrapreneur peut disposer à sa guise pour développer son idée. De même, il doit avoir accès aux moyens techniques en lien avec le produit ou le service qu’il crée. Et ce, y compris s’il ne sait pas s’en servir : lui donner la possibilité de se former est un gage de réussite.
- Créer un espace de travail stimulant. Exit le bureau individuel et l’intrapreneur seul face à son défi. La créativité a besoin de stimulation. Et pour cela, il peut être judicieux d’impliquer toutes les branches de l’entreprise, des cadres commerciaux à la secrétaire comptable en passant par le service juridique ou marketing. Offrez la possibilité d’interagir et de créer une émulation autour des projets.
- Donner des indicateurs quantitatifs aux étapes clés du projet : le chemin d’un intrapreneur est long et sinueux. De l’idée à sa concrétisation, les étapes sont nombreuses, complexes et parfois difficiles. La présence d’indicateurs quantitatifs et d’objectifs à certaines étapes clés permet de faire le point sur l’avancée du projet, la pertinence de la ligne de conduite, et surtout, de rassurer. Loin de naviguer à vue, l’intrapreneur peut ainsi mesurer les progrès réalisés et rectifier les points à améliorer.
Accompagner les intrapreneurs
L’accompagnement des intrapreneurs semble être un point souvent oublié par les entreprises. En effet, d’après différentes études, les intrapreneurs sont nombreux à soulever l’absence de soutien, d’aménagements du poste de travail, de perspectives en cas d’échec du produit ou service, peu ou pas de valorisation du salarié, etc.
C’est pour cela que la gestion de projet intrapreunarial devrait inclure systématiquement :
- une implication effective et efficace des managers. Ce sont souvent eux les points de blocage, faute d’implication dans le projet. Les managers ont besoin d’être sensibilisés aux besoins spécifiques de l’intrapreneur, et notamment en termes de respect de la hiérarchie ou des procédures de l’entreprise. Le parcours d’un intrapreneur nécessite souvent de s’affranchir des codes habituels de la société, sans risque que cela lui soit reproché, ou pire, interdit.
- une participation active des RH, qui passe entre autres par le fait de dégager du temps au salarié intrapreneur sans effet sur sa rémunération. En effet, le projet est censé être développé au moins en partie sur le temps de travail de l’employé, ce qui suppose une réorganisation de son emploi du temps et de ses tâches. Les RH doivent également répondre présent pour valoriser l’intrapreneur dont le projet n’aboutit pas. Les compétences acquises sont réelles, même si aucun produit ni service ne voient le jour, aussi, il est bon de réfléchir au retour au poste du salarié après un parcours intrapreneur.
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Quelles sont les différentes sorties de l'intrapreneuriat ?
Le programme intrapreunarial est un succès et plusieurs projets aboutissent ? Ou au contraire, il stagne et n’apporte pas les résultats escomptés ? Zoom sur les différentes sorties de l’intrapreneuriat.
Intégration du produit / service dans l’entreprise
L’entreprise choisit d’intégrer le produit ou le service créé dans l’entreprise. Dans ce cas, il y a lieu de prévoir en amont les caractéristiques du transfert de propriété intellectuelle entre le salarié et la société. En effet, le régime actuel est trop rigide pour l’intraprenariat, et ce dernier se trouve d’ailleurs dans une zone de flou. L’intrapreneuriat ne fait ainsi pas parti des dispositions prévues par les articles L. 611-7 à L. 615-21 du Code de la propriété intellectuelle relatifs aux inventions par les salariés.
Le salarié intrapreneur est évidemment rémunéré pour son travail, et peut même percevoir des droits, une commission ou un pourcentage sur le produit ou le service qu’il a créé.
Abandon du projet par l’entreprise
L’entreprise peut également choisir d’abandonner le projet pour de multiples raisons : résultats insatisfaisants, peu de pertinence avec les objectifs de la société, absence de financement disponible, etc. Les conséquences sur le salarié intrapreneur peuvent alors être difficiles à gérer : désillusion, sentiment d’abandon, dévalorisation ou au contraire, colère.
Démission du salarié pour créer son entreprise
Malgré un programme innovant, un accompagnement au top et des moyens à disposition, l’intraprenariat ne réussit pas toujours à retenir les talents au sein de l’entreprise. Il peut même parfois être le « galop d’essai » du salarié, qui se sent alors prêt et confiant à créer sa propre entreprise.
Les modalités de sortie doivent être soigneusement établies. Il vous faut notamment être particulièrement vigilant sur la propriété intellectuelle et vérifier les clauses du contrat de travail. La présence d’une clause de non-concurrence ou de confidentialité peut vous empêcher de partir développer votre projet en dehors de l’entreprise !
Création d’une filiale / startup
Enfin, l’intrapreneuriat peut déboucher sur la création d’une start-up ou tout simplement la création d’une filiale. Et oui, quel meilleur moyen de satisfaire le besoin d’entreprendre d’un salarié tout en conservant l’accès à ses produits et services innovants ? Il s’agit là d’un projet plus complexe, impliquant une création d’entreprise. Votre (ex-)employé devient alors un partenaire. Vous disposez là d’un formidable outil de développement !
Alors, quel avenir pour les projets d'intrapreneuriat ?
L’intrapreneuriat connaît un fort essor ces dernières années, et cela ne semble pas prêt de changer. En effet, à l’heure du numérique, du télétravail et des « slasheurs », il apporte une réponse cohérente à un fort besoin d’entreprendre et de donner du sens à son travail. Il est désormais plus qu’établit que peu de gens suivront des carrières linéaires comme les générations précédentes.
L’intrapreunariat a donc de beaux jours devant lui, à condition que les entreprises s’impliquent pleinement en créant des programmes dédiés efficaces. Il est d’ailleurs aujourd’hui plébiscité par 8 entreprises sur 10, ces dernières mettant en avant sa forte contribution à la croissance et à la cohésion d’équipe.
Merci à Guillaume Robez pour sa plume.
Guillaume Robez est Neo Publisher & Fondateur de Independant.io, la plateforme de comparaison pour les indépendants, au sens large : freelances, professions libérales, gérants de TPE-PME…
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